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l'antiquité au cinéma
Laura Geringer (Children’s Choice Award) avec des illus-
trations de Peter Bolinger. Autres épisodes, cf. Persée, Her-
cule, Ulysse, Jason, Thésée, Prométhée, Damon et Pythias,
Androclès et le lion.
]
2007
Sa Majesté Minor /His MajestyMinor
(FR/ ES) Jean-
Jacques Annaud ; Xavier Castano-Repérage-StudioCa-
nal-Mediapro-Pathé Renn-France 2-France 3-Canal+
-Cinécinéma, 101 min. – av. José Garcia (Minor), Vin-
cent Cassel (le dieu Pan, alias le satyre), Sergio Peris-
Mencheta (Karkos, le poète), Mélanie Bernier (Clytia,
fille d’Archéo), Claude Brasseur (Firos le Teinturier),
Rufus (Rectus le Prêtre), Jean-Luc Bideau (Archéo le
Patriarche), Taïra (Zima la Bouchère), Marc Andréoni
(Zo le Boucher), Bernard Haller (Cataractos le Devin),
Alice Frémont (Prunios la Vestale), Rosine Favey (Ki-
nema la Pythie), Pedro Casablanc (Kryton l’Architecte),
Guillaume Delaunay (Centaure), Aitana Noveau (nym-
phe). –
Une île imaginaire en mer d’Egée, « aux temps très
lointains d’avant Homère » (au XVII
e
siècle dans les Cy-
clades, selon le scénariste Gérard Brach). Au cours d’une
escapade en forêt, Minor, mi-homme mi-cochon orphelin
et muet, fait la rencontre du dieu des bergers Pan (sous la
forme d’un satyre) qui l’initie aux frissons du sexe. Il tombe
d’un arbre, se tue et ressuscite, doué à présent d’un stupéfiant
sens de l’éloquence. Sur conseil du devin, Minor est sacré
roi. Il promulgue de grandes réformes, ordonne de specta-
culaires travaux, mais les complots des jaloux précipitent sa
chute. Le village s’étant dressé contre lui, Clytia favorise sa
fuite. Il rejoint le satyre pour batifoler joyeusement.
Gérard Brach (le scénariste surréalistico-anarchisant d’An-
naud, de Polanski, Ferreri et de Iosseliani, qui meurt peu
après le début du tournage) livre un texte insolent, icono-
claste et manipulateur qui permet à Annaud de renouer
avec la comédie satirique et les provocations de ses débuts
(
La victoire en chantant
), mais aussi de relever un nou-
veau défi après
La guerre du feu
,
Le nom de la Rose
ou
L’ours
, en concoctant un film-kamikaze qui ne ressemble
à aucun autre. Pour recréer une Grèce archaïque peuplée
de petites communautés rurales, Annaud fait la tournée
des musées d’antiquité minoenne, étrusque et ibère, puis
reconstruit son village sur une presqu’île près d’Alicante,
en ajoutant un temple de la période du proto-bronze re-
trouvé sur l’île de Minorque. Forêts ensorcelées et truca-
ges sont fabriqués dans les nouveaux studios Ciudad de la
Luz à Alicante (budget : 30,4 millions d’€). Traitée sur
un mode burlesque, voire sciemment grotesque, menée à
un rythme jubilatoire, la farce dionysiaque d’Annaud se
veut une fable sur la part animale de l’homme et les liens
obscurs qu’entretiennent sexe et pouvoir. Elle aborde carré-
ment zoophilie, pédophilie, réincarnation, transmutations
et autres concepts « aberrants » du monde mythologique :
Saturne ne dévore-t-il pas ses nourrissons, Jupiter n’est-il
pas allaité par une chèvre puis s’éprend d’un enfant, Pasi-
phaé ne se fait-elle pas fabriquer un corps de génisse pour
séduire un taureau avant d’accoucher finalement du Mi-
notaure ? Annaud, qui s’oppose à la globalisation du goût
et aux grands sujets qui fédèrent, revendique ce même droit
à l’exubérance, à la liberté d’illustrer la « folie antique »
tout en déculpabilisant les formes les plus réprimées par le
Christianisme, comme la sexualité. Mais son délire hédo-
nistico-paillard animé de rustres et de chauds lapins bas-
cule plus d’une fois dans le mauvais goût, la gaudriole lu-
brique : n’est pas Fellini qui veut. Plongée dans un abîme
de perplexité, la critique et le public ignorent cet acharne-
ment bienvenu d’aller à contre-courant du prêt-à-porter
cinématographique. Un désastre total au box-office.
2007
Il ginocchio di Artemide / Le genou d’Artémide
(IT / FR) Jean-Marie Straub ; Martine Marignac-Pierre
Grise Prod., 27 min. – av. Dario Marconcini, Andrea
Bacci. –
Dialogue avec le «vivier des symboles» occiden-
taux (Orphée, la déesse Déméter) sur les mystères de l’exis-
tence et la destinée de l’homme, un extrait des «Dialoghi
con Leucò» de Cesare Pavese (1947). Straub filme sa mise
en scène au Teatro Francesco di Bartolo à Buti (24.5.07),
soutenu par la musique de Gustav Mahler.
2008 / 09
Resonabilis echo. La légende d’Echo et de Nar-
cisse
(CH) Claude Aubert (+prod.), 42 min.- av. Cle-
lia Bertolini (Echo), Olivier Vogel (Narcisse), Claude
Aubert (Jupiter), Sophie-Hélène Martin Vogel (Junon),
Soraya Ksontini (dryade), Luc Pauchon (Ovide). –
La
légende selon Ovide, court métrage réalisé dans les cantons
de Vaud (Tine de Conflens) et de Fribourg.
Orphée et Eurydice
Orphée, fils du roi Oeagros (Thrace) et de la muse Cal-
liope, est chanteur, musicien et poète, et passe pour l’inven-
teur de la cithare. La douceur de ses chants apprivoise les
bêtes sauvages, arrête le cours des fleuves, apaise les vents,
attire les rochers et les plantes. Selon Pindare, il participe
à l’expédition des Argonautes (cf. Jason). De retour en
Thrace, il s’éprend de la nymphe Eurydice. Celle-ci meurt
d’une morsure de serpent et Orphée la réclame aux dieux
des enfers qu’il émeut par ses chants. Il obtient de ramener
son épouse sur la terre, à condition qu’il ne se retourne pas
avant d’être revenu à la lumière du jour. Mais il succombe
à la tentation et Eurydice disparaît à jamais dans le royau-
me d’Hadès. - cf. «
Epinicies
» de Pindare (V
e
s. av. JC),
les
Géorgiques
de Virgile (–28) et d’Ovide (–43), la pièce
de Jean Cocteau (1927), les opéras de Claudio Monteverdi
(1607) et Christoph Willibald Gluck (1762) et
Orphée
aux Enfers
, l’opéra bouffe de Jacques Offenbach (1868).
1906
Orfeus og Eurydike
(DK) Peter Elfelt [=Peter Lars
Peterson] ; Nordisk, 2 min. – av. Ellen Price (Eurydice),
Valborg Borchensenius (Orphée), Elisabeth Beck, Anna
Maria Agerholm. –
Elfelt, auteur du premier film danois
Le dieu Pan (Vincent Cassel) dans
Sa Majesté Minor
(2007)
s
5a.1.2