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l'antiquité au cinéma
biceps protubérants, mais compte sur son endurance, son
sens pratique et la protection d’Héra (elle lui a accordé trois
vœux). La partition de Bernard Herrman, le musicien de
Hitchcock, contribue au climat envoûtant du film. Une
production à 3,5 millions de $ tournée dans le golfe de Na-
ples (Palinuro, Paestum), à Centola (Campagnie), au Mu-
seo della Civiltà Romana de l’E. U.R. et dans les studios
Palentino (Rome) et Shepperton (Londres). Le film n’obtient
pas le succès escompté à sa sortie, le public s’étant lassé des
péplums à l’italienne, mais il a aujourd’hui le statut d’un
film-culte. En 1979, Harryhausen illustrera encore les ex-
ploits de Persée dans
Clash of the Titans
(cf. 5a.5.4).
1963 (tv)
Medea
(SE) Keve Hjelm [d’apr. Euripide] (SVT
25.3.63), 95 min. – av. Margaretha Krook (Médée),
Holger Löwenadler (Créon), Ove Tjernberg (Jason),
Jan-Eric Lindquist (Egée), Brita Ökberg, Erik Berglund,
Heinz Hopf, Ingrid Borthen.
1965 (tv)
Medea
(IT) Alexis Minotis (th), Francesco Dama
(tv) [d’apr. Euridipe] (RAIdue 5.5.65), 125 min. – av.
Elena Zareschi (Médée), Nando Gazzolo (Jason), Elio
Jotta (Créon), Adolfo Geri (Egée), Gina Sammarco,
Attilio Ortolani, Alessandro Ninchi. –
Mise en scène du
Teatro Olimpico di Vicenza
.
1966 (tv)
Medea
(ES) Josefina Molina [d’apr. Euridipe] ;
«Teatro de siempre » (TVE 5.12.66), 120 min. – av.
José Blanch, Lola Gaos, Agustín González, Francisco
Guijar, María Luisa Ponte.
1969
Medea /Médée
(IT/FR/DE) Pier Paolo Pasolini [d’apr.
Euripide] ; Franco Rossellini-Pierre Kalfon-San Marco-
Janus-Number One, 118 min. – av. Maria Callas (Mé-
dée), Laurent Terzieff (le centaure Chiron), Giuseppe
Gentile (Jason), Massimo Girotti (Créon, roi de Corin-
the), Margareth Clémenti (Glaucé), Sergio Tramonti
(Absyrte). –
Poursuivant la démarche d’
Edipo re
(5a.3.1)
et sa tentative de retourner aux sources primitives d’une
Grèce prémycénienne, Pasolini se livre à une analyse du my-
the selon Mircea Eliade et C. G. Jung. Il dépeint le conflit
entre deux terres, deux conceptions de l’univers, deux civili-
sations (pour faire écho à la double personnalité du Centaure
hyperbavard qu’interprèteTerzieff): d’une part le monde ra-
tionnel et pragmatique du héros grec et d’autre part la bar-
barie religieuse de l’infanticide Médée (bols de sang, dépeça-
ges et cannibalisme) sur un fond de costumes et d’accessoires
créés de toutes pièces. Une dualité sacré / profane reflétant la
tragédie des sociétés agraires primitives détruites par la ci-
vilisation, et qui interdit de juger le comportement de cette
«Fille du Soleil » autrement qu’à travers ses propres critères
culturels. Pasolini livre des images hiératiques admirable-
ment composées, d’une beauté plastique au service exclusif
de célébrations qui font fi de toute option réaliste.
Le tournage s’effectue dans les grottes de Göreme en Cap-
padoce (Turquie), en Syrie (citadelle d’Alep), en Vénétie, à
Pise (Piazza du Miraculé), à Marechiare di Anzio et à Ci-
necittà. La géologie tourmentée du décor naturel turc abrite
des cultes et liturgies étranges, lieux envoûtés où règne une
reine du mystère proprement terrassée par l’amour. Maria
Callas, dont la voix s’est altérée dès 1965 et qui avait pris
du repos, accepte un rôle de tragédienne où elle ne chante
Le sommet des trucages de Ray Harryhausen : les terrifiants squelettes armés du roi Aétès (
Jason and the Argonauts
de Don Chaffey, 1963)