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– la rome impériale 
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établit la MGM parmi les studios les plus prestigieux de
l’industrie. Il restera presque deux ans à l’affiche à Paris.
Réédition sonorisée en 1931. Mussolini fait interdire le
film qui montre – horribile dictu – le triomphe d’un Juif
sur un Romain.
1958/59  
Ben-Hur
(US)WilliamWyler [et RichardThorpe,
Andrew Marton, Yakima Canutt, Mario Soldati] ; Sam
Zimbalist-Sol Siegel-Metro-Goldwyn-Mayer, 217 min.
– av. Charlton Heston (Juda Ben-Hur), Stephen Boyd
(tribunMessala), Haya Harareet (Esther), Jack Hawkins
(le général Quintus Arrius), FrankThring (Ponce Pilate),
Finlay Currie (Balthasar), George Relph (Tibère), Hugh
Griffith (Cheikh Ildérim), Sam Jaffe (Simonides), Ca-
thy O’Donnell (Tirzah), Jose Greci (Marie), Laurence
Payne (Joseph), Mino Doro (le procureur Valerius Gra-
tus), Claude Heater (Jésus-Christ, vu de dos), Marina
Berti (Flavia). –
Le
Ben-Hur
de 1959 est beaucoup plus
qu’un mastodonte commercial, avec son budget de 15 mil-
lions de $, ses recettes mondiales faramineuses (66,5 mil-
lions de $ en 1968) et son record de onze Oscars (dont
« best picture » et « best direction »), un cumul phénomé-
nal de statuettes d’or avec lequel seul le
Titanic
de James
Cameron pourra rivaliser, 36 ans plus tard. S’ajoutent à
ce palmarès le «Golden Globe Award » (presse étrangère),
le «New York Film Critics Award », le prix du « Screen
Director’s Guild », le grand prix de l’Académie britanni-
que du cinéma, etc.
A l’origine, il s’agit d’un pari risqué de la MGM pour sau-
ver ses studios de la faillite. Le film est mis en chantier dès
1953 / 54 avec Rock Hudson, puis Marlon Brando en Ben-
Hur, mais rien ne se concrétise. En 1955, Richard Bur-
ton le remplace sous la houlette prévue du vétéran Sidney
Franklin, suivi en 1957 par Burt Lancaster (qui décline).
Approché, David Lean refuse la réalisation. Plusieurs écri-
vains de renom collaborent au scénario, Christopher Fry
en tête, suivi de Karl Tunberg, Maxwell Anderson, S. N.
Behrman et Gore Vidal (qui tente d’introduire un sous-
texte homoérotique entre Messala et Ben-Hur). Les scories
vieillotes et feuilletonesques du roman sont éradiquées au
nom de la crédibilité psychologique. Messala, devenu un
impérialiste arrogant, tente d’exploiter son ancienne ami-
tié pour faire de Ben-Hur un informateur privilégié. Mu
par l’obsession de la vengeance, celui-ci se voit imposer un
long itinéraire de souffrances qui le conduira de la concep-
tion archaïque d’un Dieu rancunier à celui, purifié, d’un
Dieu de l’amour. Ce n’est pas la vision de son ennemi san-
guinolent et agonisant (contrairement à la version muette,
Messala meurt ici à l’issue de la course), mais le sang versé
du Christ qui lui apporte la paix. Il est ainsi délivré de
toute la haine que lui a transmise son ex-adversaire en lui
révélant ce qui est advenu de sa mère et de sa sœur. Toute-
fois, les responsables du «Motion Picture Project » chargés
depuis 1947 de veiller sur l’image des juifs à Hollywood
exigent que ceux-ci ne soient en aucune façon associés à la
mort de Jésus et qu’à la fin, Ben-Hur conserve sa religion
(ce qui n’est pas le cas dans la version muette). Par ailleurs,
en débutant par la Nativité,
Ben-Hur
établit d’emblée le
Christ comme l’agent historique qui motivera ultérieure-
ment la résistance du héros contre le totalitarisme païen (la
guerre froide sévit toujours). Le personnage savoureux du
cheikh Ildérim (il finance l’attelage de Ben-Hur) permet un
rapprochement, l’esquisse d’une réconciliation entre peuples
sémites sur le dos de l’occupant romain. Il est l’Arabe sym-
pathique du film, mais ses traits sémitiques accusés en font
un Shylock bouffon : avec la colonisation sioniste de la Pa-
lestine, c’est lui qui devient un citoyen de seconde catégo-
rie.
Ben-Hur
est, comme le
Quo Vadis
de 1951, produit
par Zimbalist et, pour des raisons économiques, réalisé lui
aussi presque entièrement à Cinecittà (il occupe 80% des
plateaux) avec des extérieurs à Fiuggi (Nazareth), à Net-
tuno (le voyage à dos de chameau), à Fogliano (le camp
bédouin), à Anzio, dans les carrières de Salone (les lépreux)
et les montagnes près d’Arcinazzo.
Appelé finalement à diriger cette titanesque entreprise,
William Wyler, le perfectionniste encensé par la profes-
sion, déjà détenteur de nombreux Oscars et assistant-réa-
lisateur sur la version de 1925, vise à un film de carac-
tères et non à une banale succession de tableaux épiques.
L’intrigue générale évoque à ses yeux surtout la domina-
La haine éclate entre deux anciens amis, Ben-Hur (Charlton Heston)
et Messala (Stephen Boyd, g.), dans le
Ben-Hur
de 1959
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