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  l’antiquité au cinéma
galères de taille réelle et 50 petites maquettes de trirèmes
pour les vues d’ensemble). Quant au « show» du film, l’iné-
vitable course entre Messala et Ben-Hur, c’est, comme en
1925, à nouveau un véritable morceau de bravoure, mis
en scène par Andrew Marton, assisté du chef-cascadeur
Yakima Canutt et (lointainement) de Sergio Leone. La
MGM met à leur disposition un terrain de huit hectares
et une piste de 1000 m pour l’hippodrome (40000 ton-
nes de sable), où 9000 figurants et 78 chevaux passent à
l’action. Le héros en titre conduit un attelage de quatre
haquenées blanches, tandis que son adversaire malfaisant
est l’aurige d’un char à chevaux noirs. La périlleuse scène
où le chariot de Ben-Hur saute par-dessus un autre véhi-
cule endommagé est en réalité un incident imprévu au cours
duquel Joe Canutt, doublant Heston, a risqué sa vie. Deux
ans de préparation et trois mois de prises de vue pour une
séquence de 11 minutes, un moment d’anthologie monté
avec maestria. Au niveau du spectacle pur, on n’a guère fait
mieux. Le producteur Sam Zimbalist ne survivra pas à son
tournage, terrassé par une crise cardiaque.
2003 [
Ben-Hur
(US) Bill Kowalchuk ; Tundra-Agamem-
non Prod.-Goodtimes Entertainment, 75 min. – des-
sin animé – av. les voix de Charlton Heston (Ben-Hur),
Duncan Fraser (Messala), Scott McNeil (Jésus-Christ),
Gerard Plunkett (Ponce Pilate), Tabitha St. Germain
(Miriam), Kathleen Barr (Esther).]
2006 (tv)
Ben-Hur, plus grand que la légende
(FR) Robert
Hossein (th), Richard Valverde (tv) ; (FR4 10.1.07),
76 min. – av. Christophe Héraut (Ben-Hur), Franck
Semonin (Messala), Henry-Jean Servat (Ponce Pilate),
Steven Gunnell (Jésus-Christ), Jacqueline Danno (Mi-
riam, mère de Ben-Hur), Gaëlle Danno (Tirza, sœur
de Ben-Hur), Tiphanie Doucet. –
Captation du supers-
pectacle de 13,5 millions d’euros mis en scène par Robert
Hossein au Stade de France à Saint-Denis, en septem-
bre 2006, avec une musique sirupeuse d’André Hossein
(père du metteur en scène), une course de chars réglée par
Mario Luraschi, une galère de 40 mètres de long et 300
comédiens et figurants. Converti au catholicisme, Hossein,
78 ans, souhaite rivaliser avec Hollywood. Il orchestre ses
douze tableaux avec énergie, naïveté grandiloquente et rou-
blardise, accumulant à satiété des effets faciles de foule et
de lumière. Son cirque biblique est noyé dans l’immensité
du stade (un plateau de 15 000 m 
2
) et sa mise en scène se
borne à faire courir des figurants, galoper des chevaux et à
aligner des tableaux à la limite du ridicule.
1904
Le Juif errant
(FR) Georges Méliès ; Star Film nº 662-
664, 60 m. (« Fantaisie biblique en 4 tableaux »).
av.
Georges Méliès (Isaac Laquedem). –
Pour avoir refusé de
l’eau au Christ lorsqu’il se rendait au Calvaire, le cordon-
nier Isaac Laquedem marche pendant l’éternité, incapable
de s’arrêter. Dans le ciel, une vision : le Christ escaladant le
sommet du Golgotha en portant sa croix, suivi des saintes
femmes, des gardes et de la populace. Le damné est frappé
par Satan et assailli par le vent, les trombes d’eau et les
éclairs. Tableaux : 1. « Les bords de la mer Morte » – 2.
« La vision » – 3. « Les roches maudites » – 4. « Les élé-
ments déchaînés ».
1909
La légende du Juif errant
(FR) Victorin Jasset ; Eclair,
218 m. – av. Charles Krauss (le Juif errant). –
Le Cal-
vaire et la malédicton d’Isaac Laquedem tournés dans le
nouveau « théâtre de prises du vues » de la société Eclair à
Epinay-sur-Seine, à l’occasion des fêtes de Pâques 1909.
1912 [prologue biblique :]
L’ebreo errante (Le Juif errant)
(IT) Roma Film [d’apr. Eugène Sue], 1200 m.  / drame
en 3 parties et 80 tableaux).
1916 [prologue biblique :]
L’ebreo errante
(IT) Umberto Pa-
radisi [d’apr. Eugène Sue] ; Pasquali, Torino, 1200 m. /
5 bob. – av. Mario Cimarra (Ahasvérus), Egidio Can-
diani, Enrico Vernier. –
Extérieurs tournés à Gênes.
1923 [épisode biblique :]
The Wandering Jew
(GB) Mau-
rice Elvey [d’apr. E. Temple Thurston] ; Stoll Picture
Productions, 8300 ft. / 80 min. – av. Matheson Lang
(Matathias), Hutin Britton (Judith), Winifred Izard. –
Contrairement au feuilleton d’Eugène Sue, le drame d’Er-
nest Temple Thurston fait une place importante aux séquen-
ces inititiales à Jérusalem sous Ponce Pilate. Mourante,
Judith supplie son amant Matathias de solliciter l’aide du
Christ, la seule personne qui pourrait la guérir. «Qu’elle
retourne auprès de son époux légitime et son enfant, et elle
sera sauvée », lui répond Jésus, ce que Matathias ne peut ad-
mettre. Peu après, le Christ est arrêté. Matathias manipule
la foule afin qu’il soit condamné à mort, puis lui crache au
visage alors qu’il porte sa croix en route pour le Golgotha.
Le Christ le condamne à errer jusqu’à son retour. Lorsque
Judith meurt, Matathias, désespéré, tente vainement de se
suicider ... Le récit se poursuit à Antioche en 1150 pendant
la première croisade, à Palerme en 1290 (l’éternel persécuté
y est commerçant), puis à Séville en 1560, où, physicien
torturé sous l’Inquisition, il peut enfin mourir sur le bûcher
avec la bénédiction du Christ. Ce dernier n’est jamais mon-
tré (la censure britannique l’interdit) : lors du Calvaire, il
est caché par la soldatesque et pendant la Sainte-Cène (re-
création fidèle du tableau de Leonard de Vinci), il est re-
présenté par un faisceau lumineux au milieu de ses disci-
ples. Matheson Lang reprend le rôle qui l’a rendu célèbre
sur scène à Londres. Tournage aux studios de Sir Oswald
Stoll à Cricklewood. – Aux Etats-Unis, le film sort quasi
simultanément avec une production homonyme,
Wander-
ing Jew
d’un Dr. Goldberg et de Charles Spencer, œuvre
de propagande sioniste qui relate le combat de Theodore
La légende du Juif errant
Personnage d’une légende qui varie de pays en pays : pour
avoir insulté le Christ sur son chemin de croix, un Juif
est condamné à errer à travers les siècles. Selon l’« Evan-
gile de saint Jean », un cordonnier repoussa du seuil de
sa maison le Christ désireux de s’y arrêter pour se repo-
ser, et le Christ lui répondit : « Je reposerai, mais tu devras
errer jusqu’à mon retour » (XXI, 23). La figure du Juif
errant est nommé Joseph par le bénédictin anglais Mathieu
Pâris au XIII 
e
s.
(Historia major)
et apparaît en Allema-
gne au XVI 
e
s. sous le nom d’Ahasvérus. Dans d’autres
sources, il s’appelle Ahasuerus, Melmoth, Matathias,
Buttadeus, Isaac Laquedem, etc. Il inspire notamment
Goethe (1836), Adalbert von Chamisso (1831), Nikolaus
Lenau (
Der ewige Jude
, 1838). Cf. aussi les romans
Le Juif errant
d’Eugène Sue (1845) et
Isaac Laquedem
d’Alexandre Dumas (1853) ainsi que le drame
The
Wandering Jew
d’Ernest Temple Thurston (1921).
s
6b.3.3
I...,446,447,448,449,450,451,452,453,454,455 457,458,459,460,461,462,463,464,465,466,...674