6b – la rome impériale
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(Quintus Quadratus), Anthony Valentine (le tribunMe-
rovius), Joseph Wiseman (Jérémie, chef des Esséniens),
DavidWarner (Pomponius Falco). –
En l’an 70, l’armée
romaine d’occupation détruit Jérusalem et le Second Tem-
ple, et se livre au massacre de ses habitants, déportant tous
les survivants comme esclaves. 960 hommes, femmes et en-
fants réussissent cependant à s’échapper et, sous la conduite
du Zélote Eléazar Ben Yaïr, se réfugient dans la forteresse
du mont Massada, près d’Hébron. Construit jadis par les
Maccabées et aménagé en palais par Hérode le Grand au
sommet d’un rocher abrupt, surplombant de 441 mètres
les rivages désertiques de la mer Morte, l’endroit est réputé
inexpugnable. Chargé d’investir la forteresse, Flavius Silva
se fait seconder par Rubius Gallus, ingénieur militaire ex-
pert dans la guerre de siège, et rassemble 5000 soldats de
la X
e
Légion ainsi que 15000 esclaves juifs au pied de la
montagne. Alors que les Zélotes encerclés disposent de ci-
ternes d’eau et de la brise des hauteurs, les Romains dé-
moralisés souffrent de la canicule et de la soif. Fatigué de
la guerre, des intempéries, des tentatives de mutinerie ou
d’attentat, Silva cherche à plusieurs reprises à raisonner
l’ennemi, mais Ben Yaïr, comme Vespasien à Rome, refuse
tout compromis pacifique. L’implacabilité romaine fait face
à l’obstination juive. En 73, après deux ans de siège, œu-
vrant jour et nuit, les Romains achèvent la construction
d’une immense rampe d’assaut sur laquelle ils hissent une
tour roulante de 30 mètres avec bélier. Lorsqu’ils enfon-
cent les murs de la forteresse, ils n’y trouvent que des cada-
vres : les assiégés se sont suicidés. Silva est abandonné par
Sheva, l’esclave juive qu’il aime.
Adapté d’un roman d’Ernest G. Gann (
The Antagonists
,
1970) qui s’inspire librement de Flavius Josèphe, ce feuille-
ton retrace un épisode devenu mythique dans la mémoire
juive, surtout depuis la création de l’Etat d’Israël (il y eut
en fait sept survivants au suicide collectif, deux femmes
et cinq enfants). Sagal tourne dans la proximité immé-
diate de cet « Alamo » israélien, devenu haut lieu patrioti-
que, avec l’appui de Tsahal (les intérieurs sont filmés aux
studios Universal à Hollywood). Il réussit une reconsti-
tution imposante, moins par l’ampleur des moyens mis à
disposition (quelque 800 figurants, 25 millions de $) que
par le rendu très scrupuleux des détails militaires (la vie
quotidienne, les travaux du siège), l’évocation intelligente
d’affrontements politico-religieux quasi inédits à l’écran
et la solide charpente dramatique d’un récit qui parvient
à maintenir le suspense malgré son dénouement connu.
Pour les Américains, ce siège interminable aux confins du
monde a des relents de bourbier vietnamien. Sagal montre
une armée dix fois supérieure mais déprimée par la guerre
qu’on lui impose et, en fin de compte, frustrée d’une vic-
toire. Eléazar Ben Yaïr est présenté comme un Zélote athée,
une absurdité en soi (puisque les Zélotes étaient des inté-
gristes religieux) et une confusion avec les Sicaires, des résis-
tants armés moralement moins scrupuleux. Peter O’Toole,
dont c’est la première apparition à la télévision américaine,
Flavius Silva (Peter O'Toole) examine la maquette de la tour géante
(dr.) qui permettra la prise de Massada (
Masada
, 1981)