garçon qui est attiré d’abord par l’argent facile gagné en
tuant, un schéma récurrent dans les films de gangsters de
la Dépression. Pas de sexe, mais l’apprentissage progres-
sif des valeurs chrétiennes à l’américaine (liberté, famille,
sacrifice) jusqu’à l’apothéose finale. En bonne logique, le
récit s’étire sur presque 50 ans, de Tibère à Titus, et fait de
son héros Marcus, adulte quand le Christ meurt, un bien
improbable témoin et de la Crucifixion et de l’éruption fi-
nale ! A l’aube du tournage aux studios Pathé à Culver City,
la RKO se rétracte ; Cooper et son vieux complice Schoed-
sack doivent se contenter d’un tiers du budget, d’acteurs
peu connus et du noir / blanc. Les deux créateurs du my-
thique
King Kong
et de
The Most Dangerous Game (Les
chasses du comte Zaroff)
s’attaquent à un sujet qui doit
donc tout, ou presque, aux effets spéciaux du génial Willis
O’Brien. Celui-ci mobilise, comme pour le roi Kong deux
ans auparavant, une débauche de miniatures, de peintures
sur verre, de doubles expositions et d’animation qui font
l’intérêt principal de cette version. On retiendra ses scènes
de gladiature dans une arène que surplombe une gigan-
tesque statue de guerrier (rappelant le style « colossal » des
nouvelles dictatures en Europe, genre Aroldo Bellini ou
Arno Brecker) et le cataclysme attendu, avec ses palais et
le temple de Jupiter qui s’effondrent, la terre qui s’ouvre et
les flammes qui surgissent : une destruction de Sodome et
Gomorrhe fort éloignée de l’anéantissement historique de
Pompéi, mais qui ne manque pas de panache et console
de l’imagerie chrétienne d’Epinal dont l’intrigue se repaît.
Néanmoins un échec public.
1948 [sortie 1950] –
Les derniers jours de Pompéi /Gli ul-
timi giorni di Pompei
(FR / IT) Marcel L’Herbier et
Paolo Moffa [d’apr. Bulwer-Lytton] ; Salvo D’Angelo-
Films Universalia-Franco London, 110 min. – av. Mi-
cheline Presle (Ione), Georges Marchal (Glaucus), Mar-
cel Herrand (Arbacès), Adriana Benetti (Nydia), Laure
Alex (Julia Felix), Jaque Catelaine (Clodius), PeterTrent
(Salluste), Antonio Pierfederici (Olynthus). –
Jadis pa-
rangon du cinéma d’avant-garde muet français, Marcel
L’Herbier, dont c’est le dernier film, est appelé à fonction-
ner comme superviseur artistique du débutant Paolo Moffa
à Cinecittà et au Centro Sperimentale di Cinematogra-
fia (Studios Universalia) à Rome. Moffa peine à maîtriser
la logistique complexe d’une superproduction financée par
la Democrazia Cristiana et, comme le
Fabiola
de Blasetti
(6c.1.3), destinée à glorifier la religion après deux décen-
nies agnostiques sous Mussolini ainsi que les souffrances des
chrétiens sous un régime païen. C’est en effet la première
version du roman de Bulwer-Lytton à l’écran qui montre
des chrétiens persécutés, et les images du prologue passent des
statues du dieu Mars et d’Hercule à celle de Moïse. L’Her-
bier, qui a accepté la tâche contre la promesse (non tenue)
du producteur de financer ensuite une adaptation de Julien
Green, tourne son film dans les costumes et décors de
Fa-
biola
, pour amortir les coûts, et aux arènes de Vérone (en
fait, l’opération semble avoir eu comme but premier de ren-
tabiliser les gros investissements en décors de l’œuvre de Bla-
setti, réalisée pratiquement en même temps). Aldo Vergano,
ancien journaliste antifasciste, maquisard et fondateur du
Syndicat des travailleurs du spectacle, réalise les scènes du
cataclysme. Le film souffre d’une narration fragmentaire
et de certaines lenteurs, conséquences d’une mise en scène
bicéphale, mais sa remarquable photographie en noir-
blanc (tournage presque entièrement en studio) et l’attrait
de ses interprètes – l’altière Micheline Presle, l’athlétique
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