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 l'antiquité au cinéma
(Amalasonthe) et Mathaswintha – encouragé en cela par
l’impératrice Théodora à Byzance qui espère débarrasser
ainsi la Péninsule des Barbares. Amalaswintha est désignée
souveraine, mais les sœurs se haïssent tant que l’une périt
ébouillantée dans un bain de soufre, l’autre est poignardée.
Une fois les Goths affaiblis par la guerre civile et les intri-
gues, Céthegus occupe Rome avec les Byzantins du général
Bélisaire, tombé au combat. La ville est assiégée sans succès
par les Ostrogoths de Vitigès. L’eunuque arménien Narsès
prend le commandement des armées byzantino-romaines
et écrase le nouveau roi goth, le jeune Totila, qui est mor-
tellement blessé à Busta Gallorum. Le film s’achève en hé-
catombe, les protagonistes étant assassinés, empoisonnés ou
taillés en pièces dans une des quatre grandes batailles –
quand ils ne se suicident pas comme Céthegus, après avoir
tué par erreur sa propre fille Julia (qu’aimait Totila). La
victoire des Romano-Byzantins dirigés par Narsès dans la
vallée du Sarno, au pied du Vésuve (octobre 552), mar-
que la défaite définitive des Ostrogoths en Italie. Les sur-
vivants emmènent le corps de leur chef  Teïas et s’établis-
sent, avec l’aide de la flotte viking, sur l’île de Gotland,
dans la mer Baltique.
Kampf um Rom
(« la lutte pour Rome ») est l’unique film
qui parle de la reconquête passagère de la péninsule ita-
lienne – et a fortiori du pourtour de la Méditerranée – par
Byzance après la disparition du dernier empereur d’Occi-
dent. Cette tentative imposante mais inutile de Justinien le
Grand de rétablir l’unité de l’Empire romain (les territoires
repris furent conquis par les Lombards après sa mort) coïn-
cide avec la fin du royaume goth.
Ein Kampf um Rom
, le
roman-fleuve de Felix Dahn (1876) adapté ici, invite au
spectacle de la destruction de deux rêves, celui de la restau-
ration de l’ancienne grandeur de Rome et celui du royaume
goth d’Italie. Partant de Procope de Césarée, ce livre en
quatre volumes se veut « la chronique illustrée du VI 
e
siè-
cle », mais avec une forte connotation nationaliste (l’univers
germanique idéalisé) et teinté de pessimisme nietzschéen.
L’écrivain assimile « Rome la fourbe » (et le monde latin
en général) à la France impérialiste, l’ennemi héréditaire
au XIX 
e
siècle. On célèbre la chimère d’un Reich gothique
uni et indivisible tel que souhaité par Bismarck, la noble
droiture des Nordiques et leur nostalgie du Sud. Plusieurs
personnages sont fictifs, comme Mathaswintha, la seconde
fille de Théodoric. Sa sœur supposée, Amalasonthe / Ama-
laswintha, une intellectuelle qui parlait couramment la-
tin et grec, alliée de Justinien, fut en réalité emprisonnée
et étranglée dans son bain par son propre cousin et corégent
Théodat. C’est après ce meurtre que Justinien ordonna à
Bélisaire, stratège de génie, qui avait repris Carthage aux
Vandales en Afrique du Nord, de libérer l’Italie des enva-
hisseurs germaniques. Par ailleurs, Dahn et les scénaristes
du film prennent de vertigineux raccourcis pour restituer
ce chapitre particulièrement chaotique de l’histoire byzan-
tino-romaine. Accessoirement, Bélisaire n’est pas mort les
armes à la main et luttant contre les Ostrogoths de Vitigès
Céthegus (Laurence Harvey, dr.) intrigue à Constantinople pour rallier Justinien I
er
(Orson Welles, g.) à sa cause (
Kampf um Rom
, 1967)
Les Byzantins du général Bélisaire sont défaits devant Rome
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