6c – rome : l'antiquité tardive
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aussi sa propre libération. Hypatie doit lutter contre le
moine fanatique Ammonius, qui a juré la perte de cette
femme trop belle, trop indépendante, trop intelligente et
(à ses yeux) athée ... Première apparition à l’écran de la
fameuse Hypatie (v. 370-415), un sujet sur lequel travailla
pendant quinze ans la cinéaste féministe Yannick Bellon,
sans parvenir à le financer. C’est Amenábar, jeune prodige
du cinéma espagnol et chantre du thriller onirique (
The
Others
), qui reprend le flambeau en tournant à Malte
(Fort Ricasoli où fut réalisé
Gladiator
, Fort Delimara,
Marsaxlokk, Mdina, La Vallette) avec, notamment, le
fils du réalisateur Anthony Minghella, Max, et un budget
estimé à 73 millions de $.
Fille du philosophe Théon, Hypatie prit la tête de l’Ecole
des platoniciens à Alexandrie et devint le symbole de l’ap-
prentissage et de la science que les premiers chrétiens identi-
fiaient au paganisme. En 412, le futur saint Cyrille devint
patriarche d’Alexandrie. Hypatie fut sauvagement assas-
sinée et dépecée dans l’église dite Césareum, en mars 415
par les moines nitrians, une secte de chrétiens qui soutenait
Cyrille et reprochait à tort à Hypatie d’empêcher un rap-
prochement avec le préfet romain Oreste. Selon Socrate le
Scolastique, elle aurait été lapidée par la foule sous la me-
née de Pierre le Prêcheur. Jean, évêque de Nicée, l’accusait
d’avoir ensorcelé le magistrat au point de l’avoir détourné
de l’Eglise. Aucun de ses travaux ne nous est parvenu, en
raison de l’incendie final de la bibliothèque d’Alexandrie.
Synésios de Cyrène, un de ses élèves et ami, plus tard évê-
que de Ptolémaïs, la loue pour sa grâce (très belle, elle resta
vierge d’après la légende). Dès l’Antiquité tardive, la cha-
rismatique Hypatie devint une héroïne païenne pour avoir
été tuée par des chrétiens, selon d’autres une héroïne des
ariens pour avoir été tuée par des orthodoxes, ou encore
une héroïne des chrétiens de Constantinople pour avoir
été tuée par ceux, intempérants, d’Alexandrie. – Un film
dirigé contre tous les fondamentalismes, sorti au festival
de Cannes en 2009.
1909
Alboino e Rosmunda
(IT) Ernesto Mario Pasquali ;
Pasquali e Tempo, Torino, 288 m. –
Sujet, cf. version de
1961.
1912
The Vandal Outlaws
(GB) Theo Frenkel [=T. Bouw-
meester] ; Kinemacolor Charles Urban, 36 min. – av.
Theo Frenkel, Julie Meijer-Bouwmeester. –
Le roi Gen-
séric et son armée pillent Rome en 455
.
1924 Ø
DieNibelungen
(DE)FritzLang.–av.FritzAlbert(Diet-
rich von Bern = Théodoric de Vérone, roi des Goths,
dit Théodoric le Grand). –
cf. 6c.3.3.
1959
Il terrore dei barbari (La terreur des barbares)
(IT)
Carlo Campogalliani ; Standard Film, 100 min. – av.
Steve Reeves (Emilianus), Chelo Alonso (Landa, fille du
roi des Gépides), Bruce Cabot (Alboïn, roi des Lom-
bards, 568 / 573), Livio Lorenzon (Igor), Giulia Ru-
bini (Lydia), Luciano Marin, Andrea Checchi (le duc
Dolphus). –
En 568, la population d’un village vénitien
L’invasion : Goths, Vandales
et Lombards
Germains orientaux d’origine scandinave, les Goths émi-
grent au milieu du II e siècle vers la mer Noire, puis en Asie
Mineure. Les Romains leur abandonnent la Dacie au III
e
siècle. Christianisés par l’évêque arien Ulfilas aux alentours
de 350, ils franchissent le Danube vers 376 pour se réfu-
gier dans l’Empire romain. Ils s’établissent dans les Balkans
en 382. Les Wisigoths d’ALARIC I
er
mettent Rome à sac
en 410, avant de s’installer en Espagne. Anciens alliés des
Huns d’Attila, les Ostrogoths pillent les provinces byzanti-
nes d’Europe. En 476, le chef hérule ODOACRE dépose
l’empereur Romulus Augustule, renvoie les insignes impé-
riaux à Byzance et s’instaure roi-patrice d’Occident. En
493, Byzance lance les Ostrogoths de THÉODORIC LE
GRAND (v. 455-526) contre Odoacre. Ravenne est assié-
gée. Vainqueur à Vérone, Théodoric fait exécuter Odoacre
et reste seul maître non seulement de l’Italie péninsulaire
mais aussi de la Sicile, des régions alpestres, de la Dal-
matie, de la Pannonie et de la Provence. Souverain du
nouveau royaume ostrogoth d’Italie et de la Dalmatie, il
rétablit le Sénat et impose à tous ses sujets l’usage du droit
romain. Une année après sa mort, Byzance entreprend la
reconquête (passagère) de toute l’Italie par ses généraux Bé-
lisaire et Narsès, achevée en 555.
Tribus lointainement héritières des Vandili (sud de la Po-
logne), les Vandales, d’origine germano-slave, s’établissent
sur les rives du Rhin au IV
e
s. Conduit par leur roi GEN-
SÉRIC (aussi Giséric ou Geiséric, 428 / 477), les Vandales
s’emparent de Carthage, en Afrique du Nord, qui devient
leur capitale et la base de leurs nombreuses opérations de
piraterie en Méditerranée. En 455, Genséric, acquis à
l’arianisme, pille Rome et la Campanie et emmène cap-
tives la veuve et les deux filles de l’empereur d’Occident
Valentinien III. Vers 470, l’empire vandale comprend non
seulement le Maghreb mais toutes les îles de la Méditerra-
née. Il sera détruit 60 ans plus tard par les armées byzanti-
nes sous le commandement du général Bélisaire (533 / 34)
qui ramènera à Rome le trésor impérial (comportant aussi
celui de Jérusalem réquisitionné jadis par Titus).
Allié aux Avares, ALBOÏN (v. 561 / 572), roi des Lom-
bards (ou Longobards), détruit l’empire gépide (des Ger-
mains orientaux), tue leur souverain et épouse la fille de
celui-ci, Rosemonde. Il envahit l’Italie septentrionale et
centrale en 568, fondant un Etat lombard dont Pavie est
la capitale. Avec la mort de Justinien I
er
à Byzance, cet
événement marque la fin de l’Antiquité formelle.
Steve Reeves défie les Lombards dans
Il terrore dei barbari
(1959)
s
6c.2.2