6c – rome : l'antiquité tardive 
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1951 (avec Carlo Maria Giulini et Italo Tajo) après pres-
que un siècle d’oubli, et deux autres projets cinématogra-
phiques sur Attila sont également en lice, prévus par Gus-
tavo Lombardo (Titanus) et Renato Bassoli (Electra Film).
Encouragés par le succès mondial de l’
Ulisse
de Mario Ca-
merini l’année précédente, les producteurs Carlo Ponti et
Dino De Laurentiis réutilisent une formule identique –
sujet antique en Technicolor, casting européen (cofinan-
cement français) et, dans le rôle-titre, une vedette améri-
caine, Anthony Quinn. Venu en Italie pour
Uliss
e, Quinn
bénéficie même d’un chef-opérateur personnel, le vétéran
hollywoodien Karl Struss (
The Great Dictator
de Cha-
plin,
Sign of the Cross
de DeMille). Yeux bridés et cheve-
lure huilée, Quinn campe un Hun massif, brut, humain,
politiquement rusé, tourmenté par le meurtre de son frère
(Federico Fellini, en visite pendant le tournage aux stu-
dios Ponti-De Laurentiis de Valco San Paolo, engage l’ac-
teur sur le champ pour jouer Zampano, la brute épaisse
de
La Strada
). Ponti lui donne pour partenaire sa proté-
gée Sophia Loren, qui débute ainsi sur le plan internatio-
nal. Claude Laydu, la révélation du
Journal d’un curé
de campagne
de Robert Bresson, fait l’empereur labile Va-
lentinien. Effets optiques et peintures sur verre sont signés
Mario Bava. Le campement hun est installé dans la forêt
de Manziana, la bataille finale est filmée dans le Latium,
aux portes de Rome, avec l’appui d’escadrons de carabiniers.
Mais les moyens sont cette fois moins imposants, et surtout,
Pietro Francisci n’est qu’un honnête artisan, peu imagina-
tif (il se fera une petite réputation en lançant trois ans plus
tard Steve Reeves dans la série des
Hercule
). Son travail ne
satisfaisant pas le consortium Ponti-De Laurentiis qui vise
le marché mondial, le vétéran Carmine Gallone est appelé
à la rescousse, tandis que Mario Monicelli filme le sac de
ria, sœur de Valentinien III et fiancée d’Attila, 418-?),
Henri Vidal (le général Flavius Aetius, 390-454), Claude
Laydu (Valentinien III, empereur d’Occident, 419-455),
Colette Régis (Galla Placidia Augusta, 390-450), Ettore
Manni (Bleda, frère d’Attila, v. 390-445), Irene Papas
(Grune, compagne d’Attila), Eduardo Ciannelli (Oné-
gésime), Fabio Bellisario (le fils d’Attila), Marco Gu-
glielmi, Aldo Pini. –
Le général Aetius est envoyé de Ra-
venne par Valentinien III pour parlementer avec Attila,
stationné avec son armée au nord des Alpes. Attila feint
de l’écouter mais, lors d’une partie de chasse, il fait assas-
siner son propre frère Bleda qui veut l’empêcher de ren-
verser Valentinien et réduit au silence la faction pacifiste
de ses alliés barbares par la terreur. L’ambitieuse princesse
Honoria, sœur de l’empereur dégénéré, s’offre au Hun dans
l’espoir de régner à ses côtés s’il s’empare de Rome, mais ce-
lui-ci n’est pas dupe et l’utilise simplement pour faire va-
loir ses droits sur la moitié de l’Empire romain d’Occident.
Devant le refus de l’empereur, il franchit les Alpes avec ses
hordes et se heurte aux légions du général Aetius. Ce der-
nier est défait et tué lors de la bataille (sic), mais l’« An-
téchrist » recule devant le pape qui est venu à sa rencon-
tre, accompagné d’une centaine de religieux, une armée
blanche, pacifique, chantant des cantiques et arborant de
grandes croix. Le barbare effrayé fait volte-face, la future
capitale du christianisme ne sera pas détruite, le crucifix
apparaît dans le ciel romain.
Ce film italien prend de vitesse un autre projet, *
Attila,
fléau de Dieu
, une coproduction franco-hispano-britan-
nique de Ladislas Vajda d’après un script de Jacques Com-
paneez (Chamartin-CICC-Attila Film London), annoncé
en janvier 1954. La matière est dans le vent : l’opéra
Attila
de Verdi (cf. infra) a été redécouvert en concert à la RAI en
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