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 l’antiquité au cinéma
copalienne (sa mère juive était une convertie) qui l’a élevé
dans le culte des Ecritures, DeMille propose une relecture
de l’Ancien Testament qui rompt avec la sage imagerie de
catéchisme et se plaît à multiplier gigantisme, scènes or-
giaques et effets spéciaux grandioses. La Bible protestante
de King James, citée dans ses intertitres, et les illustrations
alors mondialement célèbres de Gustave Doré (1865) sont
ses références culturelles. La découverte de la tombe de Tou-
tânkhamon en 1922 remet l’Egypte à la page, et DeMille
parvient ainsi à réunir les 1,5 million de $ pour sa pro-
duction (qui, sortie pour les fêtes de Noël 1923, en rappor-
tera 4,1). Auparavant, il aura toutefois été renvoyé par la
Paramount pour excès de dépenses, puis sauvé grâce à l’in-
vestissement de son ami personnel A. P. Giannini, fonda-
teur de la Bank of Italy à San Francisco, puis de la Bank
of America. Les trucages remarquables de Roy Pomeroy
utilisés pour la traversée de la mer Rouge, avec ses flots qui
s’écartent devant le peuple élu et se referment sur les Egyp-
tiens lancés à leurs trousses font sensation (filmé au Muroc
Dry Lake Bed dans les dunes de Mojave Desert, à Ana-
heim Landing et à Balboa Beach). Le palais de Ramsès,
d’une hauteur de 35 mètres, est érigé en plâtre à Nipomo
Sand Dunes, dans le désert de Guadelupe (Santa Barbara
County, Calif.) par Paul Iribe. Les intérieurs sont de l’Art
déco pur, avec un zeste d’égyptologie stylisée. L’exode des
Juifs (2500 figurants) et les fastes de la cour du pharaon
sont photographiés enTechnicolor bichrome. Mais DeMille
réussit à rendre la partie moderne (intitulée « Le drame du
Décalogue ») aussi prenante, malgré l’absence d’exotisme
spectaculaire, illustrant en un noir et blanc étudié le sort
de ceux qui désobéissent à la Loi divine. Refait en plus ro-
manesque en 1956 (cf. infra), son film marque la décen-
nie et aurait influencé, selon leurs propres dires, des cinéas-
tes comme King Vidor et Alfred Hitchcock.
1924
Die Sklavenkönigin /Moon of Israel (L’esclave
reine / La reine des esclaves)
(AT /GB) Michael Cur-
tiz [d’apr. Sir Henry Rider Haggard] ; Alexander Ko-
lowrat / Sascha-Filmindustrie Wien-Stoll Pictures Ltd.,
3200 m. / 6 actes. – av. Adelqui Millar (Séti), Maria
Corda (Mérapi), Hans Marr (Moïse), Adolf Weisse (le
pharaon Minephtah /Merenptha), Oskar Beregi (le
pharaon Amnenmeses / Aménothès), Ferdinand Onno
(Anna), Arlette Marchal (Userti), Georg Haryton. –
A
Tanis, le pharaon Minephtah veut unir son fils Séti à la
princesse Amensé, sa nièce, afin d’assurer sa descendance.
Mais Séti, qui vit en compagnie des poètes et des sages, s’in-
surge contre le traitement des esclaves israélites et sauve la
vie de la jeune Mérapi. Elle le sauve à son tour de la lapi-
dation par la foule juive lorsqu’il pénètre dans un temple
à Goshen et les siens la chassent. Le pharaon renie son fils
philosémite en faveur de son neveu Aménothès qui monte
sur le trône tandis que, annoncés par Moïse, divers fléaux
s’abattent sur l’Egypte. Moïse conduit son peuple vers la terre
promise, Aménothès et son armée disparaissent dans les flots
de la mer Rouge. Entre-temps, le grand-prêtre d’Amon-Râ
condamne Mérapi au bûcher. Séti précipite le méchant dans
Les frissons du péché : l’adoration lascive d’un Veau d’Or très Art déco dans
The Ten Commandments
muet de Cecil B. DeMille (1923)
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