6b – la rome impériale 
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souvent assimilée « à la voracité sexuelle et associée à la prostitution comme signe d’une sexualité insatiable »
(ibid.). La pruderie et la misogynie latente de l’époque firent qu’on la classa avec d’autres femmes « dangereu-
ses » telles Cléopâtre et, plus tard, Théodora de Byzance (cf. 6c.4). L’empereur était notoirement timide, craintif
et influençable. Messaline exerçait un réel ascendant sur lui et écarta sans peine les hommes influents qui pou-
vaient lui porter ombrage (Silanus, Valerius Asiaticus). En revanche, elle n’est guère responsable de l’élimination
des chefs des plus grandes familles romaines : Claude, qui avait la phobie des attentats, fit condamner à mort
35 sénateurs et plus de 300 chevaliers (equites), notamment après la conspiration de l’an 42.
A 22 ans, Messaline fut victime d’un complot de l’affranchi Narcisse (secrétaire personnel de l’empereur).
Sa passion pour Caius Silius, un bellâtre patricien dont elle s’était, semble-t-il, éperdument éprise 
3
, était tolérée
par Claude. Messaline organisa un mariage avec son amant, une union « symbolique, rituelle mais fictive » 
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qui
constituait en théorie l’acte de transgression suprême. Il s’agissait en fait d’un acte ludique et sans danger, car
l’empereur avait non seulement donné son accord, mais il aurait même, selon Suétone (
Claude
29,5), signé lui-
même le titre de la dot aux noces de Messaline et de Silius. Narcisse parvint cependant à convaincre Claude que
son épouse visait ainsi à le destituer, et, saisi de panique, ce dernier ordonna sa mort. Messaline fut exécutée avec
Silius, sans procès, dans les jardins de Lucullus. L’influent affranchi l’avait auparavant empêchée de comparaître
devant Claude, qui l’aurait fort probablement graciée. Depuis, les affabulations à son sujet s’accumulent, et il
faut chercher l’origine de ces calomnies chez ceux qui avaient intérêt à justifier sa mort. Déjà le satiriste Juvé-
nal en rajoute, affirmant que la « putain impériale » se glissait de nuit hors du palais pour se prostituer dans les
quartiers à lupanars de Suburre
(IV 
e
Satire)
, tandis que, selon Dion Cassius, elle pratiquait la prostitution au
Palatin même, une assertion peu vraisemblable. Dans
I, Claudius
de la BBC (1976), on la voit gagner un pari
à la cour contre une hétaïre professionnelle pour savoir qui peut satisfaire le plus d’hommes ... Par extension,
Messaline est associée au club de ces patriciennes vicieuses qui, à en croire l’écran, prennent un plaisir quasi
orgasmique à contempler la souffrance et la mort d’autrui (par ex. des gladiateurs qui s’entretuent). A ses côtés
figurent bien sûr Agrippine (sœur de Caligula et mère de Néron) et Poppée (épouse de Néron). Ce que la vague
du porno-péplum qui envahit le marché dans les années 1970 / 80 fera de ce dévergondage collectif se passe de
commentaire.
Messaline (Maria Felix) subjugue son époux impérial, Claude (Memo Benassi, dr.), qui cède à ses moindres caprices dans
Messalina
(1951)
I...,461,462,463,464,465,466,467,468,469,470 472,473,474,475,476,477,478,479,480,481,...674