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 l'antiquité au cinéma
Claude revient à Rome. Tandis que Caïus est tué par ses
anciens amis qui l’accusent de trahison, Messaline est in-
terdite d’accès au palais et se heurte à une paroi de préto-
riens. Elle erre à Suburre avant de s’empaler sur le glaive
d’un ancien amant. « Encore une prostituée assassinée »,
remarque un passant.
Cette deuxième plus grande production de l’après-guerre
italienne après le
Fabiola
de Blasetti s’élabore sur les cen-
dres d’un projet détonant datant de 1947 / 48, un
*Mes-
salina
filmé par Roberto Rossellini avec Anna Magnani
dans le rôle-titre (à qui la Scalera Films avait promis un
salaire de 40 millions de lires) ; Jean Cocteau avait été en-
visagé pour tenir le rôle de Claude et superviser les dialo-
gues. L’entreprise fut bien sûr sabordée par la rupture très
médiatisée entre le cinéaste et sa compagne, après l’arrivée
d’Ingrid Bergman en Italie. Deux ans plus tard, Carmine
Gallone, spécialiste de l’opéra filmé, monte sa propre ver-
sion, nettement moins originale. Elle est portée par la diva
mexicaine Maria Félix, entourée d’une brochette d’acteurs
français, de 146 gladiateurs, 18 lions et le Circus Maxi-
mus reconstruit dans les dépendances de Cinecittà pour
Quo Vadis
(1951). Le palais et les jardins de Lucullus
ainsi que les bas-quartiers de Suburre sont érigés sur deux
autres plateaux. Scénario et dialogues français sont d’Al-
bert Valentin. Gallone retrouve les fastes ostentatoires du
péplum quatorze ans après son fameux
Scipione l’Africano
(cf. 6a.3.3), auquel il emprunte d’ailleurs quelques images
(la foule saluant à la romaine, la trirème). Il se perd dans
des tableaux statiques, l’action languit dans la première
partie, mais s’anime dans le cirque où l’on réussit à riva-
liser avec Hollywood. Une scène inattendue : la danseuse
païenne Cinzia fait fuir les lions qui allaient dévorer son
amoureux en récitant des prières chrétiennes qu’elle a en-
tendues dans les catacombes ! Memo Benassi fait un Claude
benêt, poltron, manipulable à souhait, qui ronfle la nuit et
couvre son épouse de bijoux. Celle-ci est une créature fri-
gide, narcissique, frustrée de n’avoir jamais connu l’amour
et paniquée à l’idée de la mort. Une fresque opulente, sur-
chargée et parfois théâtrale, mais sauvée par la beauté al-
tière de Maria Félix, la musique de Renzo Rossellini et une
splendide photo noir / blanc signée Anchise Brizzi, l’opéra-
teur d’OrsonWelles pour Othello. Une recette substantielle
de 456 millions de lires. US :
The Affairs of Messalina
.
1954 Ø
Demetrius and the Gladiators
(US) Delmer Daves.
– av. Barry Jones (Claude).
– cf. 6b.4.
1955
Δ
Totò all’inferno
(IT) Camillo Mastrocinque. – av.
Cristina Fanton (Messaline).
Interdite d'accès au palais, Messaline (Maria Felix) se heurte à une paroi de prétoriens avant de périr (
Messalina
de C. Gallone, 1951)
Messaline contemple son buste (
Messalina
de C. Gallone, 1951)
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