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l'antiquité au cinéma
1951
David and Bathsheba (David et Bethsabée)
(US)
Henry King ; Darryl F. Zanuck-20th Century-Fox, 123
min. – av. Gregory Peck (David), Susan Hayward (Beth-
sabée), RaymondMassey (Nathan), Francis X. Bushman
(Saül), Walter Talun (Goliath), Kieron Moore (Urie le
Hittite), James Robertson Justice (Abishai), John Sut-
ton (Ira), Paul Newlan (Samuel), Terry Infuhr (Jona-
than), Jayne Meadows (Mikal), Leo Pessin (David en-
fant), Gilbert Barnett (Absalon), Dennis Hoey (gén.
Joab), Paul Newlan (le prophète Samuel), Holmes Her-
bert (Jessé). –
Lors du siège de Rabbah, place forte des Am-
monites, David tombe dans une embuscade et sauve la vie
de son officier Urie. De retour à Jérusalem, il aperçoit de-
puis la terrasse de son palais la belle Bethsabée en train de
se baigner. Le roi la convoque, apprend que son mariage
avec Urie n’est pas heureux (comme le sien avec Mikal) et
commence une liaison avec elle. Le couple assiste traumatisé
à la lapidation d’une femme adultère. L’Arche d’alliance
arrive aux portes de Jérusalem, mais le prophète Nathan
déclare qu’il est trop tôt pour la faire entrer dans la ville.
Bethsabée tombe enceinte. Le roi envoie Urie se faire tuer
au front contre les Ammonites et épouse sa veuve. Nathan
fulmine et la colère de Jéhovah se manifeste : la sécheresse
et la famine se répandent en Israël, le peuple gronde, l’en-
fant royal meurt à la naissance. La population de Jérusa-
lem exige la lapidation de Béthsabée. David la cache dans
son palais, tient tête à Nathan, pénètre au risque de sa vie
dans le Saint des saints et prie devant l’Arche d’alliance.
Il se remémore en pleurs sa jeunesse bénie de berger et son
combat contre Goliath (flash-back). La pluie inonde les
champs, signe du pardon divin, et le souverain rejoint sa
bien-aimée en récitant les versets du Psaume 23.
Alors que la Paramount triomphe avec
Samson and Deli-
lah
(DeMille) et la MGM avec
Quo Vadis
(LeRoy), Za-
nuck lance son propre superspectacle biblique à 2,1 mil-
lions de $, qui illustre, pour la toute première fois à l’écran,
la liaison adultérine de David, souverain légendaire d’Is-
raël durant 40 ans, et tente d’en nuancer le portrait. La
Bible ne cherche ni à expliquer, ni à justifier, ni même à
condamner le comportement de David. La lapidation de la
femme adultère, la famine et l’insurrection du peuple dans
le film sont des inventions. DeMille et sa scénariste Jeanie
Macpherson s’acharnent depuis des années sur le projet de
*Thou Art the Man : The Story of David
. Philip Dunne,
le scénariste, déteste le cinéma de DeMille et propose à Za-
nuck une approche plutôt cérébrale et psychologique de la
matière, ajoutant à cela une conclusion plus dramatique
que celle, fort laconique, figurant dans le deuxième « Livre
de Samuel » et à laquelle se sont heurtées diverses adapta-
tions théâtrales aux Etats-Unis (
The Boy David
de Sir Ja-
mes Barrie en 1937, avec Elisabeth Bergner, et
Bathsheba
de Jacques Deval en 1947, avec James Mason). Le tour-
nage est initialement prévu dans le jeune Etat d’Israël avec
des fonds gelés, mais la guerre de Corée et le déploiement
de la flotte américaine en Méditerranée obligent Zanuck
à y renoncer. On édifie les murs de Jérusalem, la façade
Gregory Peck et Susan Hayward, les amants tourmentés de
David and Bathsheba
d’Henry King (1951)