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 l'antiquité au cinéma
fixes). Tournage en Technicolor sur les gradins de l’amphi-
théâtre de Dodone, non loin de la frontière gréco-albanaise.
Un exercice de style : du cinéma qui fait du théâtre avec du
théâtre, et dans un théâtre. Adaptation respectueuse mais
froide (dans une nouvelle traduction anglaise de Paul Ro-
che).
1967
Edipo re
(Œdipe roi)
(IT /MA) Pier Paolo Pasolini ;
Alfredo Bini-Arco Film-Somafis, 110 min. – av. Franco
Citti (Œdipe), Silvana Mangano (Jocaste), Carmelo
Bene (Créon), Alida Valli (Mérope, épouse de Polybe),
Julian Beck (Tirésias), Achmed Bellachmi (Polybe, roi
de Corinthe), Luciano Bartoli (Laïos), Pier Paolo Paso-
lini (grand prêtre), Jean-Claude Biette (prêtre). –
Film
ambitieux, complexe, d’une grande richesse d’inspiration et
déroutant à la fois, car le cinéaste, qui est aussi scénariste,
donne une lecture à la fois freudienne (premier volet), ar-
chaïque (volet central) et marxiste (épilogue) du mythe. Le
début, situé au XX 
e
siècle, décrit la violence du père envers
son enfant, jaloux de l’amour que lui porte sa mère et qui
le pend par les pieds « pour le castrer, puisqu’il serait venu
au monde pour l’annihiler ». On passe sans crier gare à
une Grèce antique faite de paysages de sable, panoramas
rayonnants de sauvagerie arabe et africaine (teintes ocre et
sang séché, masques de coquillages et de raphia). Dans ce
désert, un bébé abandonné et attaché au bout d’une bran-
che est recueilli par un berger, qui l’apporte au roi de Co-
rinthe.
Toute référence au théâtre ou à la littérature s’anéantissent
dans ces grands espaces brûlés de soleil. L’utilisation d’em-
prunts à d’autres civilisations (masques d’Afrique noire et
d’Océanie, vestiges de l’art perse, sumérien et aztèque, dan-
ses populaires roumaines, musique japonaise et Mozart)
créent une sensation d’absolue étrangeté, un style « barbare-
arbitraire » hors du temps à travers lequel Pasolini cherche
danseuse Taina Elg qui exécutent une chorégraphie bien
sage d’ Herbert Ross (
Funny Lady
) à Cinecittà. Extérieurs
filmés en Grèce. US :
The Bacchantes
.
1963 (tv)
König Ödipus
(DE) Rudolf Noelte (ZDF). – av.
Ernst Fritz Fürbringer (Œdipe), Thomas Holtzmann,
Marianne Hoppe. –
Captation de la mise en scène de
Noelte au Residenztheater à Munich.
1964 (tv)
Edipo re
(IT) Alexis Minotis (th), Francesco
Dama (tv) (RAI 13.3.64), 108 min. – av. Tino Carraro
(Œdipe), Elio Jotta (Créon), Manlio Busoni (Tirésias),
Anna Miserocchi (Jocaste), Alfio Petrini, Franco Ferrari,
Attilio Ortolani, Umberto Ceriani.
1966 (tv)
Edipo re
(IT) Maner Lualdi (th), Italo Alfaro
(tv) (RAIdue 10.8.66), 84 min. – av. Gianni Santuc-
cio (Œdipe), Grazia Marescalchi (Jocaste), Elio Jotta
(Créon), Mario Ferrari (Tirésias), Carlo Ninchi, Fer-
nando Cajati, Antonio Colonnello, Franco Tuminelli.
1967
Œdipus the King
(Le roi Oedipe)
(GB/US) Philip Sa-
ville ; Michael Luke-Crossroads-Universal, 97 min. – av.
Christopher Plummer (Œdipe), Lilli Palmer (Jocaste),
OrsonWelles (Tirésias), Richard Johnson (Créon), Cy-
ril Cusack (le messager), Roger Livesey (berger), Donald
Sutherland (coryphée), Friedrich Lederbur (le roi Laios),
Oenone Luke (Antigone), Alexis Mateakis, Georgis Dia-
legmenos, Maria Xenoudaki. –
Première version entière-
ment cinématographique de la tragédie de Sophocle, jouée
par un ensemble d’ex-acteurs de télévision britanniques
(Plummer) que domine OrsonWelles en devin aveugle. Le
téléaste Saville conçoit Œdipe comme un souverain para-
noïaque à l’image des chefs d’Etat modernes, volontaire,
arrogant, orgueilleux, défiant les dieux dans sa recherche
de l’amère vérité, puis glissant peu à peu dans le doute, la
révolte et le désespoir sacrilège. La mort violente de Laïos
est traitée comme un leitmotiv dès le générique (en images
Les deux fils d’Œdipe, Etéocle et Polynice, s'entre-déchirent pour le trône de Thèbes (
Ercole e la regina di Lidia
de Pietro Francisci, 1958, cf. p. 166)
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