son ami et agonise, anonyme, auprès de ses autres compa-
gnons. Le sénateur Gracchus, destitué sur ordre de Cras-
sus, se venge avant de se suicider en laissant fuir Varinia
(et son enfant) que le consul convoitait.
Le film de Kubrick est un véritable cas d’école quant à
l’instrumentalisation d’un sujet idéologiquement complexe
et aux luttes internes qu’elle a suscitées pendant le tour-
nage. Le roman d’Howard Fast (1951) fut publié à compte
d’auteur, J. Edgar Hoover, grand patron du FBI, ayant
menacé les éditeurs américains de représailles s’ils sortaient
le livre. Celui-ci donne une interprétation collectiviste et
généreuse du soulèvement. Son Spartacus, porte-drapeau
messianique d’une société sans castes, veut renverser la Ré-
publique pour restaurer l’Age d’or d’un communisme tri-
bal primitif, ce qu’il réussit presque, ayant écrasé pas moins
de neuf armées romaines en quatre ans de guerre. Militant
communiste repenti, Fast avait comparu devant la com-
mission des activités anti-américaines. S’étant entiché de
son roman, Kirk Douglas, acteur-producteur, fait appel
à une autre victime de la « chasse aux sorcières », Dalton
Trumbo, pour rédiger le scénario (sous le pseudonyme de
Sam Jackson), et ce malgré l’ostracisme d’Hollywood et de
Apprenti-gladiateur, le Thrace Spartacus (Kirk Douglas) se fait montrer où porter les coups mortels à l’adversaire.
–
Bas : L’école de gladiature de
Capoue devient une poudrière et sous l’impulsion de Spartacus, les malheureux se révoltent (
Spartacus
de Stanley Kubrick, 1960)