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  l’antiquité au cinéma
Carson (Claudia), John Salew (le devin Lukos). –
Rome, 100 av. JC : sept écoliers innocentent l’un des leurs,
Rufus, accusé d’avoir souillé le temple de Minerve avec
des graffitis. Une série télévisée pour la jeunesse d’après
Detectives inTogas (Caius ist ein Dummkopf / L’affaire
Caïus)
du romancier germano-américain Henry Winter-
field (1953). 1
er
épisode : «Caius Is an Ass ».
1961 Ø
Il conquistatore di Corinto / L’assedio di Co-
rinto / La bataille de Corinthe
(IT / FR) Mario Costa.
– av. Gianni Santuccio (Critolaos), Andrea Fantasia
(Mummius). –
En 146 av. JC (tandis que Scipion Emi-
lien assiège Carthage), en Grèce, la Ligue achéenne me-
née par Critolaos se rebiffe contre la tutelle romaine. Les
légions du consul Lucius Mummius anéantissent l’armée
grecque et incendient Corinthe. – cf. Grèce 5c.7.
1911
Cajo Gracco (La mort de Gracchus)
(IT) Latium Film,
Roma, 254 m. -
De retour d’Afrique en 121 av. JC, le tri-
bun Caius Sempronius Gracchus, qui veut rendre la terre
aux paysans déracinés, constate que sa popularité décroît et
que son pire ennemi, le consul Opimius, complote pour le
faire tomber en disgrâce. Lorsque Scipion meurt, Opimius
l’accuse de sa mort. Gracchus se retranche avec les siens sur
l’Aventin, l’armée l’assiège et il se suicide.
GB : A Valiant
Roman or the Death of Gracchus
.
1958 (tv)
The Riddle of the RedWolf
(GB) Desmond O’Do-
novan (+ prod.) ; BBCtv (BBC 1.2.-8.3.58), 6 × 30
min. – av. Oliver Burt (Xanthos), Paul Cole (Caius),
Kevin Kelly (Rufus), Michael Maguire (Antonius),
Vernon Morris (Mucius), Bunny May (Publius), An-
thony Harrison (Clodius), Ian Colin (Vinicius), Jill
1874), écrivain qui fut lui-même un héros du Risorgimento et un fervent partisan de Garibaldi. Le gladiateur
y devient le porte-drapeau du nationalisme révolutionnaire prônant l’indépendance nationale, la liberté, l’éga-
lité, et affrontant Jules César qui, lui, incarne le despotisme austro-hongrois. Giovagnoli prête à son Garibaldi
antique une liaison avec une patricienne romaine, Valeria (elle lui donne une fille). Le Thrace l’abandonne pour
sa mission sacrée, refuse l’offre de Crassus de vivre incognito avec Valeria en Toscane afin de ne pas trahir ses
compagnons, mais ses plans militaires seront sabotés par une courtisane grecque, Eutibide. Le ton du roman
de Giovagnoli est anticlérical, romantique, visiblement inspiré par les loges maçonniques italiennes. Le sujet
est d’autant plus idéal que le Christianisme en est forcément absent et que, à travers lui, l’écrivain peut glorifier
sans ambages l’Etat séculier italien, alors en conflit avec le Saint Siège 
2
.
Ce même roman inspirera un
Spartacus / Spartak
muet soviétique en 1926 (pratiquement inconnu des
filmographes), mais aussi le péplum de Riccardo Freda en 1953 (
Spartaco, il gladiatore delle Tracia
) qui, vou-
lant se distancier de la pseudo-romanité mussolinienne en illustrant la cruauté d’autrefois, aura maille à partir
avec la censure italienne d’après-guerre : malgré l’élimination du Duce, le nationalisme veille. En Amérique en
1939, le Hongrois Arthur Koestler (auteur du fameux
Zéro et l’Infini
qui dénonce le détournement des idéaux
socialistes en URSS) avait publié un
Spartacus – The Gladiators
, récit désenchanté d’une révolution avortée. En
1951, en pleine guerre froide, l’écrivain Howard Fast (Prix Staline international pour la paix) lui répond en
rédigeant à son tour un
Spartacus
, dont le héros est devenu un messie de la lutte des classes. Neuf ans plus tard,
Kirk Douglas et Stanley Kubrick vont transformer ce roman controversé en grandiose fresque à message, une
œuvre atypique, ambitieuse, racée, mais griffée par les compromis et les luttes intestines à l’intérieur des studios
hollywoodiens. Ce Spartacus-là, à juste titre le plus célèbre, sera privé de victoires : seule son annihilation par
l’impitoyable machine militaire romaine apparaîtra à l’image, comme si Washington, encore en pleine guerre
froide, voulait intimider les masses du tiers-monde susceptibles de contester l’ordre des choses 
3
. Accessoire-
ment, c’est aussi le premier film qui ne commet pas l’erreur grossière de placer ses protagonistes dans le Circus
Maximus : il n’y avait pas de combats de gladiateurs dans l’arène avant l’Empire et pas d’amphithéâtre en pierre
à l’époque de Spartacus ; sous César, les affrontements avaient lieu au Forum, dans une arène de bois démonta-
ble. Tous les produits de série qui suivent l’œuvre de Kubrick – exploits apocryphes des fils, compagnons ou épi-
gones du gladiateur rebelle – brassent sans souci de vraisemblance les noms de César, Crassus et Pompée. Avec
l’aide de « bons » Romains, ces émules musclés de Zorro en jupettes libèrent le monde d’affreux trafiquants de
chair humaine qui sont, nous explique-t-on, des « cas isolés », esquivant ainsi toute la problématique de l’escla-
vage dans l’Antiquité, incompréhensible pour un spectateur moderne. Enfin, la vogue superfétatoire des deux,
trois, sept ou dix gladiateurs invincibles de Sparte, de Thrace ou de Rome, leurs retours ou leurs vengeances (à
choix), films indigents qui envahiront les salles de quartier jusqu’en 1965, sont, eux aussi, des avatars plus ou
moins inavoués du mythe de Spartacus.
1
Le libretto de l’opéra
Spartaco
de Giuseppe Porsile (Vienne 1726) n’a aucun rapport avec la révolte des gladiateurs, qu’il remplace par un conflit clas-
sique d’intérêts et de jalousie. – Cf.
Spartacus Before Marx
de Brent D. Shaw, Princeton/Stanford Working Papers in Classics, nov. 2005, et Brent D.
Shaw,
Spartacus and the Slave Wars
, Bedford/St. Martins, New York 2000 ; Michel Eloy, « Spartacus. La gladiature à Rome », numéro spécial
Kolossal
,
avril 1986, Bruxelles (136 p.).
2
Cf. Maria Wyke,
Projecting the Past. Ancient Rome, Cinema and History
, Routledge, New York and London, 1997, p. 34 ss.
3
Pour les déboires du film de Kubrick, cf. entre autres Duncan L. Cooper, «Who Killed Spartacus ? How Studio Censorship Nearly Ruined the
Bra-
veheart
of the 1960’s » (1996)
; Martin M. Winkler (éd.),
Spartacus. Film and History
, Blackwell Pu-
blishing, Malden-Oxford-Carlton, 2007 ; Alison Castle (éd.),
Stanley Kubrick
, Kubrick Archives, Taschen, Köln, London, Los Angeles, Madrid, Paris,
Tokyo 2005, pp. 316-325 (Gene D. Phllips).
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