Page 564 - Hervé Dumont - L'antiquité au cinéma

564l'antiquité au cinéma
– Cette apologie de la non-violence est un drame de Pierre
Villemain inspiré de la vie de saint Martin de Tours, dit
Martin le Miséricordieux (316-397), père de l’Eglise et
évêque de Tours. Fils d’un tribun militaire de Pannonie
(Hongrie), Martin sert pendant 25 ans dans l’armée ro-
maine. Un soir d’hiver 339 à Amiens, il partage son man-
teau avec un déshérité transi de froid et la nuit suivante,
le Christ lui apparaît en songe. Baptisé, il refuse de verser
du sang en se battant contre les Alamans lors de la campa-
gne sur le Rhin en 354. Confiant en la protection divine,
il propose de servir de bouclier humain. Il est enchaîné et
exposé à l’ennemi, mais les Barbares demandent la paix.
1961 (tv) Polyeucte (FR) Alain Boudet [d’apr. Pierre Cor-
neille] (1re Ch. RTF, 31.3.61). – av. Georges Descrières
(Polyeucte), René Arrieu (Néarque), André Falcon (Sé-
vère), Jean Marchat (proconsul Félix, gouverneur d’Ar-
ménie), Simon Eine, Thérèse Marney (Pauline, fille de
Félix). – Sous le règne de Dèce, 249 / 251, cf. version de
1911.
1961 (tv) Saint-Martin (F) Georges Folgoas (1re Ch. RTF
27.6.61). – av. Michel Etcheverry (Martin de Tours),
Louis Arbessier, Marcel Charvey, François Guérin, Lu-
cien Raimbourg, Geymond Vital, Louise Chevalier. –
La vie de saint Martin, cavalier de la garde impériale,
puis évêque de Tours (316-397), célèbre pour avoir par-
tagé son manteau avec un mendiant d’Amiens. Un siè-
cle après sa mort, il est promu saint « officiel » de la Gaule
chrétienne.
1962 (tv) Denis Asclépiade (FR) Jean Pignol [d’apr. Pol
Gaillard] (1re Ch. ORTF 3.7.62). – av. Michel Vitold
(Denis Asclépiade), Marc Cassot (Julius), Georges Dou-
king (Pionius), Yvette Grandelle (Sabine), Lucien Nat
(Proculus), Jean Champion. – Marié à une chrétienne,
un médecin grec s’oppose au proconsul romain qui veut leur
faire abjurer leur foi.
1964 Simón del desierto (Simon du Désert) (MX) Luis
Buñuel [d’apr. Federico Garcia Lorca] ; Prod. Gustavo
Alatriste, 43 min. – av. Claudio Brook (Simon, un dis-
ciple de Siméon le Stylite, Syrie 390-459), Jesus Fer-
nandez, Silvia Pinal (le diable), Hortensia Santovena,
Luis Aceves. – Depuis des années, Simon vit au sommet
d’une colonne en plein désert, son ascèse attire les foules,
mais aussi le diable sous la forme d’une femme aux dégui-
sements multiples. Le démon le replace dans le siècle et la
visite d’une discothèque à New York ébranle sa foi. Provo-
cateur sacrilège et farceur impénitent, Buñuel dépeint son
anachorète comme un individu à la fois sincère et ridicule
(au début du film, il déménage d’une colonne de six mètres
à une autre de dix mètres pour être « plus près du Ciel »),
rappelant implicitement à travers ses gags surréalistes que
l’amour de Dieu peut être mensonger s’il ne passe pas par
l’amour des hommes. Le film est un long métrage inachevé
faute de capitaux (titre de travail : Simeón el estilita).
Lion d’Argent de St. Marc et prix FIPRESCI au Festival
de Venise 1965.
1972 (tv) Agostino d’Ippona (Saint Augustin) (IT) Roberto
Rossellini (RAI Uno 25.10-1.11.72), 121 min. – av.
Dary Berkani (saint Augustin, évèque d’Hippone), Vir-
ginio Gazzolo (évêque Alipios de Tagaste), Cesare Bar-
betti (Volusianus), Bruno Cattaneo (Maxime), Pietro
Fumelli (évêque Megalius de Calama), Giovanni Sabba-
tini (évêque Valérien), Fabio Garriba (gouverneur Mar-
cellinus), Bepy Mannajuolo (Séverus). –Poursuivant son
« encyclopédie historique » pour la télévision, Rossellini se
penche sur 25 années de la vie de saint Augustin (354-430),
père de l’Eglise qui se trouve à la fin d’une civilisation, un
peu à l’image du cinéaste face à un XXe siècle au bord de
l’abîme. Pour Rossellini, Augustin est un homme de transi-
tion qui établit un ordre de vie nécessaire dans une période
Provocateur, Luis Buñuel s'inspire de la vie de Siméon le Stylite,
perché au sommet de sa colonne, dans Simón del desierto (1964)
Roberto Rossellini filme la vie de saint Augustin pour la télévision
italienne (Agostino d'Ippona, 1972).