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– rome : de romulus à césar
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bariolés que d’habitude. Ce film sans prétention, tourné
à l’économie à Cinecittà et en extérieurs sur les rives du
Tibre, à Lavinio Lidi di Enea et à Anzio, bénéficie d’un
ensemble de maquettes, de modèles réduits et de peintu-
res sur verre plutôt réussis, signés Joseph Natanson (
The
Red Shoes
de Powell et Pressburger, 1948). L’incendie de
la flotte romaine sous les remparts de Syracuse est photo-
graphié dans le bassin qui servit aux séquences navales de
Ben-Hur
. L’Histoire, toutefois, est fortement maltraitée :
en vérité, c’est Archimède et non pas le consul Marcellus
qui fut tué par un soudard romain lors de la prise de la
cité, après un siège de trois ans ! Selon Plutarque, Archi-
mède était alors tellement absorbé par un problème de géo-
métrie qu’il ne se serait même pas rendu compte de la chute
de la cité. Marcellus aurait ordonné de grandes funérailles
pour l’illustre savant. Pour le public italien du XX
e
siècle,
il est cependant inconcevable que des légionnaires de la
Rome civilisée assassinent un génie de l’Antiquité, et pire
encore si c’est Rossano Brazzi, le grand séducteur des an-
nées cinquante, qui l’incarne. Un échec commercial. GB :
Siege of Syracuse
.
1971
Scipione, detto anche l’Africano / Scipion, dit aussi
l’Africain
(IT / FR /DE) Luigi Magni ; Ultra-FIC, 108
min. – av. Marcello Mastroianni (Publius Cornelius
Scipion), Vittorio Gassman (Caton l’Ancien / le Cen-
seur), Ruggero Mastroianni (Lucius Scipion l’Asiati-
que), Silvana Mangano (Emilia, son épouse), Woody
Strode (Masinissa, roi de Numidie), Fosco Giachetti
(Aulius Gellius), Philippe Hersent (le consul Marcel-
lus), Ben Ekland (Sempronius Gracchus), Turi Ferro
(Jupiter Capitolinus). –
Le vainqueur de Carthage, Sci-
pion l’Africain, à présent usé par l’âge, et son frère Scipion
l’Asiatique sont accusés au Sénat par Caton le Censeur de
de n’être qu’une comédie, le cinéma tente d’expliquer ici
pourquoi Hannibal épargna Rome ... en lui attribuant une
liaison farfelue avec une patricienne romaine. Mais la vé-
ritable raison tiendrait plutôt au fait que la capitale était
une place puissamment fortifiée, renfermant 270000 hom-
mes mobilisables (sans compter les esclaves et les étrangers)
contre les 50000 soldats d’Hannibal peu préparés pour un
siège.
1959
L’assedio di Siracusa (Archimede) / La charge de Sy-
racuse (Archimède) / Syracuse ... la fin d’un empire
(IT / FR) Pietro Francisci ; Enzo Merolle-Glomer-Ga-
latea, 106 min. – av. Rossano Brazzi (Archimède), Tina
Louise (Artémis /Diane / Lucrèce), Gino Cervi (Hié-
ron II, tyran de Syracuse), Sylva Koscina (Clio), Enrico
Maria Salerno (Gorgias), Alberto Farnese, Luciano Ma-
rin (Marcus Claudius Marcellus). –
Cherchant à rester
neutre dans le conflit avec Carthage, Syracuse est la seule
cité de la Sicile qui ne soit pas aux mains de Rome. Le jeune
savant Archimède (env. 287-212) y est fiancé à Clio, la fille
du tyran local, mais il s’éprend de Diane, une danseuse qu’il
met enceinte. Diane travaille dans la troupe ambulante de
son demi-frère Gorgias, un Phénicien intrigant. Gorgias
l’enlève à Rome, la drogue et l’oblige à épouser Marcellus,
le nouveau consul nommé par le Sénat. Désespéré, Archi-
mède épouse Clio. Leur mariage n’est pas heureux, Clio se
suicide en lançant son char du haut d’une falaise. Vingt ans
plus tard, en 215 av. JC, Rome est devenue maîtresse des
mers et exige la reddition de Syracuse. Marcus, le fils d’Ar-
chimède et de Diane, fait partie d’un commando d’espions
romains chargés de préparer l’assaut de la ville. Archimède
coule la majorité de la flotte de Marcellus avec ses inven-
tions, catapultes et miroirs ardents, mais Gorgias livre la
cité à l’ennemi. Marcellus est tué durant le combat, tandis
qu’Archimède, après avoir exécuté le Phénicien, se réfugie
dans les montagnes où il est rejoint par Diane. Marcus ne
saura jamais qu’il est son fils. – Une intrigue inhabituel-
lement compliquée, des accents de mélodrame, des combats
dans la dernière bobine seulement font de
L’assedio di Si-
racusa
un péplum atypique. Artisan modeste mais favorisé
par la conjoncture (
Le fatiche di Ercole
), Francisici se pi-
quait de faire de la peinture pendant ses loisirs et, inspiré
par son sujet, il compose quelques plans d’une indéniable
joliesse : Diane se reflétant dans les multiples miroirs du
savant, la rencontre des amants dans un temple de Jupiter
délabré lors d’une nuit d’orage, un choix de chromos moins
A Syracuse, Archimède – Rossano Brazzi, haut g. – incendie la flotte
romaine avec ses miroirs (
L’assedio di Siracusa
, 1959)