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  l’antiquité au cinéma
Terentius Varrus), Bud Spencer (Rutario), Terence Hill
(Quintilius), Milly Vitale (Danila, l’épouse d’Hannibal).
– Hannibal franchit les Alpes, bat les Romains àTrasimène
et à Cannes, et s’éprend d’une noble romaine, Silvia, nièce
du sénateur Fabius Maximus. Le général Maharbal tente
de la tuer en créant une panique parmi les éléphants, mais
Hannibal la sauve. Fuyant Rome où son oncle la condamne
au service de la déesse Vesta, Silvia rejoint le Carthaginois
pour goûter aux délices de Capoue. Elle le convainc de
ne pas marcher sur Rome, contre l’avis de son frère Has-
drubal, mais quitte le camp carthaginois lorsque le jeune
fils et l’épouse répudiée d’Hannibal font irruption. Rome
l’accuse de haute trahison, les siens la condamnent à être
enterrée vivante. Tandis qu’elle avale un poison, une es-
couade romaine jette la tête d’Hasdrubal, décapité après
sa défaite au Métaure, aux pieds d’Hannibal. Le présage
d’une fin tragique ...
Curieux gaspillage : un rythme languissant, des personnages
inconsistants, un scénario bancal et sans surprises, alors que
des moyens très importants ont été rassemblés avec le soutien
financier de laWarner Bros., et que des vedettes américai-
nes habituées au péplum tiennent l’affiche. Victor Mature
(
Samson and Delilah
,
Demetrius and the Gladiators
,
The Egyptian
) fait le grand stratège borgne, l’œil droit
dissimulé sous un bandeau noir (Hannibal contracta une
ophtalmie en Etrurie). Rita Gam (la fille d’Attila-Jack Pa-
lance dans
Sign of the Pagan
), beauté altière sous-employée
à Hollywood, fait la patricienne renégate, ayant été enga-
gée sur recommandation de la princesse Grace de Monaco.
Mature incarne pour la première fois à l’écran un Hanni-
bal sympathique, grave, mélancolique. Il a accepté le rôle
à condition de ne pas monter à cheval (il en a peur) ni de
manier le glaive, clause admise par le producteur lors des
négociations. Mais une fois sur le plateau, Bragaglia doit
lui expliquer qui était le stratège carthaginois ! Bragaglia
ignore du reste que la Liber Film a engagé Edgar Ulmer
pour signer la version exploitée aux Etats-Unis. Tournage
en SuperCinescope en Italie (studios romains IN.CI.R.-
De Paolis, Cerveteri, Lavinio Lido de Enea, Manziana,
Fiumicino, rives de la Trébie) et en Yougoslavie (ateliers
Jadran à Dubrava et extérieurs). Les séquences des Alpes
sont partiellement bâclées en atelier avec de la neige car-
bonique, mais la production ratisse tous les cirques d’Eu-
rope pour rassembler 45 éléphants, mobilise 4000 fantas-
sins et 1500 cavaliers de l’armée de Tito qui apparaissent
notamment dans la très spectaculaire bataille de Cannes
filmée à Belika Mlaka et à Crna Mlaka près de Zagreb, et
dont Ulmer revendique (abusivement ?) la paternité : au
premier contact avec l’ennemi, les cohortes romaines arri-
vées en rangs serrés se déploient dans la vallée et remplissent
en quelques instants tout l’espace de l’écran large, la réali-
sation utilisant avec habileté la profondeur de champ pour
suggérer l’immensité de l’affrontement. Ces images seront
« prêtées », recyclées dans une quinzaine d’autres péplums
italiens de l’époque. La version américaine d’Ulmer semble
moins paresseuse que l’italienne, en tout cas plus explicite
quant au déroulement tactique de la bataille, avec l’in-
sertion d’une trentaine de plans supplémentaires, des dé-
tails du traquenard, des combats (mains coupées, visages
ensanglantés), des explications stratégiques qui rythment et
dramatisent la séquence. Lors de l’engagement sur les rives
de la Trébie, on rajoute une séquence montrant l’infante-
rie romaine renversée par des éléphants. Pour la deuxième
fois, après
Jupiter’s Darling
(cf. supra) qui avait l’excuse
En –216 à Cannes, Hannibal (Victor Mature, haut) inflige aux Romains une de leurs plus cuisantes défaites (
Annibale
, 1959)
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