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– rome : de romulus à césar 
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que le sujet avait déjà brièvement refait surface à Cine-
città en mars 1956, lorsque William Dieterle l’annonça
sous le titre de
*I mercenari / Les Mercenaires
(Almo-No-
ria Film). US :
Loves of Salammbo
.
écrasant qui confirme, si nécessaire, combien une trans-
position du récit exubérant de Flaubert en images peut
être risquée. Désormais, la production française se tour-
nera vers des sujets historiques plus propices à l’exaltation
nationaliste (Napoléon, Jeanne d’Arc et les Mousquetaires).
Notons que la reconstitution de la ville punique par
Marodon inspirera les décorateurs de l’œuvre musicale d’Er-
nest Reyer à l’Opéra de Paris en 1938. Comme le roman
de Flaubert, le film est divisé en chapitres : 1. « Le festin » –
2. « Les frondeurs baléares » – 3. « Le voile de Tanit » – 4.
«Hamilcar Barca » – 5. « La bataille du Macar » – 6. « Le
serpent de Salammbô » – 7. « Salammbô rejoint les cam-
pement de Mâtho » – 8. « Le défilé de la Hache » – 9. « La
bataille de Rhadès » – 10. « La mort de Mâtho ».
1959
Salambò / Salammbô
(IT / FR) Sergio Grieco ; Stella-
Fides Film, 105 min. – av. Jeanne Valérie (Salammbô),
Jacques Sernas (Mâtho), Edmund Purdom (Narr’
Havas), Riccardo Garrone (Hamilcar Barca), Arnoldo
Foà (Spendius, scribe et astrologue), Brunella Bovo,
Charles Fawcett. –
Version très bariolée et kitsch en East-
mancolor-Totalscope, filmée aux studios romains IN.CI.R.-
De Paolis et sur un haut plateau du Moyen-Atlas marocain
à 40 km au sud d’Ifrane (région des lacs), avec une intrigue
simplifiée et une fin édulcorée, puisque les amants maudits
échappent à la mort violente que leur réserve Flaubert ...
Ici, Narr’Havas (Edmund Purdom, patibulaire à souhait),
qui désire Salammbô, veut devenir le maître de Carthage
en faisant écraser les mercenaires par Hamilcar. Il subti-
lise l’or qui leur est destiné (la solde de cinq ans promise
par Hamilcar) afin de rompre la trêve et fait empoisonner
les points d’eau du désert. Le vol du voile sacré déclenche
les hostilités. En pleine bataille, Mâtho sauve la vie de son
ennemi Hamilcar que des tueurs à la solde de Narr’Havas
devaient éliminer. Retournant victorieux à Carthage, le
général confond le traître et le condamne à la lapidation.
Mâtho est également livré à la vindicte de la foule mais,
alors qu’il est prêt de succomber aux coups, Salammbô in-
tervient auprès de son père qui gracie l’ancien chef des mer-
cenaires. – De Libyen chez Flaubert, ce dernier est devenu
ici un Gaulois, « ethniquement correct » et donc digne de
survivre aux côtés de sa belle (Jacques Sernas, le Pâris de
Helen of Troy
, une grande boucle à l’oreille droite). De-
bra Paget, Joan Collins et Rosanna Schiaffino sont prises
en considération pour le rôle de Salammbô, mais c’est la
falote Jeanne Valérie, 18 ans, qui l’emporte, une protégée
de Roger Vadim dont la carrière fera long feu. Une des ra-
res qualités du film : ses extérieurs nord-africains, une cou-
leur locale bariolée sans doute plus proche de l’authentique
univers carthaginois que les artifices du studio. Attaché à la
production, le fils cadet du roi du Maroc, Moulay Abdal-
lah, met à disposition de Grieco 5000 cavaliers makhaznis
de l’armée royale, la population des tribus berbères Beni-
Mtit avec leurs tentes pittoresques et son avion personnel
pour les prises de vues aériennes. Cela donne quelques jo-
lis plans d’ensemble, mais Grieco abuse de ses cavalcades
et fantasias berbères et sa mise en scène, comme l’interpré-
tation, sont d’une singulière maladresse. A signaler toute-
fois les maquillages et costumes originaux créés par le grand
décorateur d’opéra Beni Montresor. En 1960, le patron de
la 20th Century-Fox, Spyros Skouras, planifie une version
américaine de *
Salammbô
avec Harry Belafonte et Gina
Lollobrigida et bloquera pendant quatre ans la sortie du
film de Grieco aux Etats-Unis (son projet sera abandonné
suite aux déboires du
Cleopatra
de Mankiewicz). Notons
Dans le
Salammbô
italien de 1959, tourné au Maroc par Sergio Grieco,
Jacques Sernas et Jeanne Valérie sont les amants maudits
Hannibal ante portas !
Deuxième guerre punique
218-201 av. JC
Carthage s’oppose à la conquête rampante de la péninsule
ibérique par Rome, qui incite ses alliés à Sagonte (Hispa-
nie) à s’en prendre aux colonies des Nord-Africains. L’atta-
que d’HANNIBAL BARCA (247-183 av. JC), fils d’Ha-
milcar Barca et chef militaire de Carthage, contre Sagonte
est considérée comme un casus belli. La deuxième guerre
punique est marquée par l’audacieuse expédition militaire
d’Hannibal en Italie. A défaut de suprématie en mer, le
stratège carthaginois lève une armée de 50000 hommes,
9000 chevaux et 37 éléphants et entreprend une marche
de 1600 km en traversant les Pyrénées, le Rhône et les Al-
pes (pour contourner les cités fortifiées de la côte méditer-
ranéenne). Quoique ayant perdu la moitié de ses effectifs
dans cette entreprise, il surprend les Romains par le Nord et
leur inflige des défaites écrasantes au Tessin, sur la Trébie,
au lac de Trasimène (– 217) et surtout à Cannes (– 216).
Cependant, à Carthage, le parti de la guerre se heurte à
l’opposition de la vieille aristocratie marchande, qui aspire
à une paix de compromis. A partir de – 209, le consul
Publius Cornelius Scipio, dit SCIPION L’AFRICAIN,
mène une contre-offensive, conquiert l’Espagne et débarque
en Afrique du Nord où il s’assure l’alliance du roi numide
Masinissa. Après quinze années de campagne en Italie,
Hannibal est rappelé d’urgence en Afrique par Carthage et
battu par les légions de Scipion à Zama (automne –202).
Carthage doit accepter une paix très dure, perd l’Espagne
et la majorité de sa flotte. Elu suffète en – 195, Hanni-
bal essaie de réorganiser l’Etat en le démocratisant, mais
l’oligarchie carthaginoise le dénonce aux Romains. Tra-
qué, il s’exile en Bithynie (Macédoine) où, toujours pour-
suivi par Rome, il se suicide. L’épisode d’Hannibal restera
s
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