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 l’antiquité au cinéma
LA MENACE PERSE : LES GUERRES MÉDIQUES
499-479 av. JC
Les deux guerres médiques qui opposent l’empire perse aux Grecs au cours du V 
e
siècle sont provoquées par
le soulèvement des villes grecques d’Asie Mineure (Ionie) et leur destruction de Sardes (–499), insurrection
soutenue par la flotte d’Athènes et d’Erétrie. Le Grand Roi Darius I
er
mate la rébellion et, ayant obtenu en
–490 la soumission sinon la complicité de la plupart des cités grecques, il monte une expédition militaire
en Grèce continentale où, après avoir rasé l’Erétrie, il se heurte à la résistance d’Athènes et de Sparte. Traver-
sant la mer Egée, Darius débarque avec ses troupes dans la plaine de MARATHON, sur la côte nord-ouest
de l’Attique, mais il est rejeté à la mer par les Athéniens du général Miltiade (Sparte a refusé d’intervenir).
Dix ans plus tard, en –480, son successeur Xerxès I
er
réunit une nouvelle armée et une flotte de 1200 na-
vires et descend vers la Grèce centrale et l’Attique, franchit le détroit des THERMOPYLES sur les rives
de l’Adriatique (malgré l’héroïque résistance du roi de Sparte Léonidas qui y périt avec ses 300 hommes).
Il ravage l’Attique et incendie Athènes, mais sa flotte est anéantie à Salamine par Thémistocle, ses troupes
sont écrasées à Mycale, à Platées (–479) et à Eurymédon (–468). Par le traité de 449, le Grand Roi doit
reconnaître l’indépendance de fait des villes grecques d’Ionie (cf. aussi Perses 4.2).
L
es guerres médiques n’ont fait l’objet que d’une petite poignée de films, qui ne sont cependant pas passés
inaperçus. Le muet n’a pas abordé la matière et la vague du péplum italo-français s’est contentée d’illus-
trer la victoire de Marathon dans le cadre des exploits musculeux et politiquement innocents de Steve Reeves
(1959). Il en va tout autrement des Thermopyles. Le sacrifice des 300 Spartiates, qui exprime de la manière la
plus littérale possible l’idéal militaire de Lacédémone (autre nom pour Sparte), est le cas typique d’un fait histo-
rique instrumentalisé a posteriori par l’ethnocentrisme occidental – et dont le cinéma est devenu (tardivement)
le nouveau propagateur.
Les années 1940/50 sont naturellement peu enclines à célébrer le militarisme fascisant de Sparte après les
ravages de la Seconde Guerre mondiale, mais à la veille de la construction du Mur de Berlin, en 1961, Hol-
lywood s’empare de l’épisode des Thermopyles pour le travestir en une sorte d’«Alamo de l’Antiquité ».
The
300 Spartans
de Rudy Maté, sera suivi, quarante-cinq ans plus tard, par
300
de Zack Snyder, tiré de la bande
dessinée de Frank Miller. Poètes et historiens ont érigé jadis les Spartiates en champions de l’hellénisme alors
que ces derniers n’étaient que les champions de leur propre cause, intéressés par le Péloponnèse seulement et
non par cette « Grèce » qu’ils n’ont jamais songé à défendre. Qu’importe : à partir de la seconde moitié du XX
e
siècle les cinéastes américains font des Thermopyles le symbole de la résistance du monde civilisé prêt à mourir
L’ultime combat aux Thermopyles: à la pointe de ses hoplites, Léonidas affronte les Perses (
The 300 Spartans
de Rudolph Maté, 1961)
s
5c.2
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